Bons clients ?
-
Les adhérents nous envoient parfois de ces pépites où il faut s’y reprendre à deux fois pour être sûr d’avoir compris ce que l’on a compris.
En l’occurrence, la lettre de l’acheteur d’un client à l’ensemble de ses fournisseurs dont naturellement des transporteurs et logisticiens.
Déjà la lettre - qui se veut personnalisée - ne l’est pas du tout. « Cher Transports X… », ça sent à plein nez le CRM où l’on a oublié de paramétrer le nom du dirigeant, Monsieur Tedemande ou Madame Texplique (clin d’œil aux fidèles lecteurs…).
Ensuite, ça commence comme la lettre de l’assurance qui argumente pour justifier une hausse à deux chiffres de votre prime : volatilité des marchés de l’énergie, tensions géopolitiques, incertitudes des marchés. Ben… Comme chaque année quoi !
Sauf que l’on va le voir plus loin, on ne va pas parler de hausse mais bien de baisse (avec deux s).
Après, on se cache derrière ses propres clients avec un couplet « revoir les structures de coûts et les stratégies d’approvisionnement ».
Cela se poursuit par l’idée de « on veut continuer de travailler avec vous (« collaborer ») de manière ouverte et constructive » mais bon, il y a les réalités du marché donc là, je traduis : « il va falloir que vous fassiez des efforts, quand même ! »
Et vos efforts, ce sera :
- baisser vos prix de 6% (en chantage commercial, ils appellent cela un « ajustement »)
- accepter des délais de paiement à 60 jours (c’est illégal mais on s’en fiche c’est une question de flexibilité du fonds de roulement, euh ?)
- et accepter qu’on vous dise comment faire votre métier afin de réduire les coûts.
Bon d’accord, ce n’est pas exactement écrit comme ça mais c’est l’idée.
On termine par une formule lubrifiée à coup de « confiance mutuelle » pour attendre « avec impatience une réponse positive. ».
Franchement pourquoi se gêner ? Comme écrit l’adhérent, « à moi de baisser mes prix pour que le client conserve sa marge ».
Lors d’un rendez-vous à Bercy, on parlait des relations commerciales justement. Et nous étions les premiers à la FNTR à souligner qu’il ne fallait pas tomber dans la caricature. Il y a des relations entre transporteurs et logisticiens et leurs clients qui se passent bien et depuis des années. En gros, c’est comme le chasseur : Il y a le bon chasseur et il y a le mauvais chasseur. Il y a le client qui comprend les contraintes de son transporteur et il y a celui qui achète la prestation comme il achète les ramettes de papier pour l’imprimante (oui, vous avez vu, je parle bien du papier pour l’imprimante).
Mais régulièrement, on a droit à ce genre de courrier qui rend certainement très fier celui qui l’a écrit mais qui est une véritable insulte à l’entreprise de transport dont la qualité de la prestation fait toute la valeur ajoutée du produit !
Et le gag, c’est que, vérification faite, le client en question a fait, l’année dernière, un chiffre d’affaires et un résultat à 9 chiffres…
Bref le courrier part direct à la DGCCRF. Car voyez-vous, nous, face à ce genre d’attitude, nous, on n’est pas bons clients du tout.
Florence Berthelot