Au charbon

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Au charbon

Une nouvelle législature est toujours l’occasion d’un travail intense dans une Fédération. Il faut prendre contact avec les députés, et aussi avec les cabinets ministériels. D’autant que cette fois-ci deux lois (pouvoir d’achat et collectif budgétaire) intéressent particulièrement notre secteur. De session exceptionnelle en session exceptionnelle, les débats parlementaires vont se tenir jusqu’au début d’août. Certains parlent même de la mi-août. Indiscutablement cela va charbonner.  

Et ce, dans une période où l’inquiétude grandit sur le prix mais aussi la disponibilité de l’énergie. Sujet régulièrement mis en avant par la FNTR à propos de la transition : la question n’est peut-être pas tant quelles énergies alternatives, mais surtout : y en aura-t-il assez ?

La tribune des trois grands énergéticiens français de ce dimanche sonne l’alarme. Il faut d’urgence réduire notre consommation. Oui mais comment ? La sobriété d’accord, mais est-ce qu’on arrête de faire tourner les usines, rouler les camions ?

On peut choisir de couper la climatisation, de prendre le vélo, cela ne suffira pas. La réalité c’est qu’il faut couper nos ordinateurs, nos smartphones, limiter ses déplacements, changer de mode de consommation. Ce n’est pas gagné.

Du bout des lèvres, un Ministre reconnait sur les ondes que pour pallier aux coupures d’électricité, il va falloir rouvrir la centrale de Saint-Avold qui fonctionne… au charbon. Les Allemands d’ailleurs n’ont pas attendu. Ayant tiré un trait sur le nucléaire voilà quelques années, ils font tourner les centrales à charbon sans complexe.

Les jours de vent d’Est, les particules ne s’arrêtent pas à la frontière (comme un certain nuage) et viennent polluer nos territoires. On pourra faire toutes les ZFE qu’on veut à coup de véhicules électriques, cela ne suffira jamais.

Le problème dans tout cela c’est qu’on nous sermonne aussi sur la décarbonation du transport. La politique européenne en a fait la ligne directrice de ses initiatives législatives. En gros, le salut ne viendra que des véhicules électriques et hydrogène. Ce qui amène à deux réflexions : la première c’est que déployer les véhicules électriques alors qu’il faut réduire sa consommation d’électricité, ce n’est pas très logique. Il faut aussi beaucoup d’électricité pour produire de l’hydrogène. La seconde réflexion c’est qu’on demande à des secteurs entiers de « décarboner » alors qu’on est obligé de rouvrir des centrales à charbon.

Certes, nécessité fait loi. Mais bon. Le « deux poids-deux mesures » a ses limites.

Il ne s’agit pas de contester l’urgence d’une transition énergétique. Mais comme nous l’avons souvent répété, la problématique est d’une complexité invraisemblable qui ne peut se contenter d’incantations ou de déclarations fracassantes.

La réalité est qu’il faudra changer radicalement de mode de vie. Tant de personnes n’y sont pas préparées qu’on se demande si cela sera possible.  

L’avenir qui se dessine est comme un portrait au charbon : en noir et blanc avec de nombreuses nuances de gris. Peut-être pas 50 mais cela va faire mal.

Florence Berthelot

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