9,99 euros

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9,99 euros

Il y a près de la Porte de Clichy une station-service. En temps normal, comme toutes les stations intra-muros, elle affiche des prix de carburants émouvants. Il faut croire que dès qu’on passe le périphérique, le carburant augmente par magie... Mais bon, à Paris tout est cher.

La semaine dernière, voilà que le prix affiché pour essence et gazole était le même : 9,99 euros. Mazette ! On devine immédiatement une panne quelque part. On s’étonne un peu car quand un appareil électronique se remet en marche après une coupure d’électricité, c’est plutôt le chiffre de « 8:88 » qui apparaît.

Evidemment, il ne s’agissait pas des prix réels. Mais force est de constater que les prix s’envolent. Les compteurs s’affolent. En un an, le gazole a pris près de 30 centimes au litre soit près de 20% d’augmentation. Et il semble que ce ne soit pas fini. Ces augmentations grèvent les trésoreries déjà fragilisées des entreprises de transport.

Alors certes il existe un mécanisme légal de répercussion de la variation des prix du carburant dans les contrats, mais on sait que, dans la réalité, les entreprises ont énormément de difficultés à répercuter à bonne date et au bon niveau ces prix. Certains clients ont imposé des « clauses tunnel » bloquant toute variation inférieure à x %. Ou essaient de renégocier les contrats en changeant le point de départ de l’indice choisi. Ou pire, refusent tout bonnement de l’appliquer.

Maintenant, puisqu’on parle aussi de transition énergétique, un point préoccupant surgit. C’est la flambée encore plus importante du prix du gaz. De nombreuses entreprises ont décidé d’investir dans des camions fonctionnant au GNV (gaz naturel véhicule). Cette énergie a fait l’objet d’un véritable engouement d’autant qu’elle est éligible à la vignette Crit’air 1 (indispensable dans les Zones à Faibles Emissions). Or, le prix du gaz explose littéralement. En un an, on aboutit à 400% d’augmentation ! Nous ne sommes pas dans les tarifs réglementés.

Si le comité national routier a mis en place un indice spécifique, force est de constater qu’il n’est pas encore appliqué dans tous les contrats.

Ce qui est inquiétant c’est que si cette situation perdure c’est tout un modèle économique de transition énergétique qui est mis à mal. La rentabilité d’utilisation de ces camions risque tout simplement de s’effondrer si les chargeurs, eux-mêmes confrontés à l’inflation de leurs coûts, refusent de prendre leur part.

Il est acquis que l’énergie restera durablement à des prix élevés. Cela est d’autant plus vrai pour les énergies alternatives. Les transporteurs routiers ne peuvent en assumer seuls la charge. Ils rendent un service indispensable à l’économie dans son ensemble et ne peuvent pas travailler à perte. 

D’ailleurs, qui le pourrait ?

Quand on pense que certains voudraient encore augmenter les taxes sur le carburant...

Florence Berthelot

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