Y a-t-il une bonne guerre ?

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Peu connaissent la commune de Gentioux. Plus précisément de Gentioux Pigerolles. C’est dans le département de la Creuse. Donc dans la France profonde (ce qui n’est nullement péjoratif).

Ce village comporte après la fusion de deux communes en 1972, deux mairies et deux monuments aux morts. Rapprochons-nous un peu. L’un de ces monuments aux morts est conventionnel ce qui ne veut pas dire profondément poignant comme le sont tous ces monuments érigés après la Première Guerre mondiale et qui malheureusement se sont étoffés des noms des morts de la Seconde.

Mais c’est surtout le deuxième de ces monuments qui est célèbre tant il est atypique. Et notamment par son inscription : « Maudite soit la guerre ». La statue qui y figure n’est pas celle d’un soldat mais d’un enfant en blouse qui tient son poing levé. Parmi les 61 noms, il devait y avoir le nom de son père, de ses oncles, et peut-être même de son frère aîné. Ce monument est devenu le symbole du pacifisme. Il est surtout évocateur de l’horreur que toute guerre constitue.

On a tous connu des gens qui, exaspérés par la tournure de leur époque - et quelle que soit l’époque d’ailleurs - proféraient la phrase « Il faudrait une bonne guerre ». Généralement cette affirmation est ponctuée d’un « J’te jure », ou d’un « Non mais vraiment, ce n’est plus possible ».

D’expérience, ceux qui disent cela n’ont jamais connu vraiment la guerre car dans nos familles, les anciens qui l’ont connue, eux, ne disent jamais une telle absurdité.

Actuellement, et plus encore qu’avant, l’actualité nous montre de dangereuses escalades. Les conflits ne sont pas localisés. Ils s’étendent dangereusement notamment quand les grandes puissances mondiales s’en mêlent. Plus besoin même d’avoir une frontière commune. C’est d’ailleurs assez étrange. On se balance des bombes, on se menace de vitrification nucléaire et après l’un (ou l’autre) dit « Pouce ! ». Si ce n’est aussi dramatique, c’en serait presque comique. Du niveau de la cour de récréation ou de jeux vidéo.

Permettez aux juristes ayant quelques notions de droit international de remarquer que rien ne tient debout, rien n’est correct, de toutes parts, de tous les partis, et surtout que l’on ne peut que s’étonner qu’aucune discussion même clandestine ne se tienne en parallèle pour trouver une résolution de paix. C’est ce qui est vraiment atypique aujourd’hui à l’inverse de ce qui s’est passé dans tous les conflits depuis l’origine de l’humanité.

Dans ces lignes, nous avons déjà écrit « pourvu qu’il n’y ait pas la guerre » parce que l’on n’est pas prêt du tout.

Car demain, pourquoi pas, cela arrivera encore plus à nos portes. Allez savoir. L’avantage, c’est qu’avec l’avancée de la technologie, si un missile hypersonique vient à nous tomber sur la tête, on n’aura pas le temps de s’en rendre compte. Quelle chance…

A priori, on n’en arrivera peut-être pas là. On fermera des détroits maritimes, le prix des matières premières, pétrole en tête, flambera, les économies fragiles s’effondreront un peu plus. À une guerre d’infanterie, d’artillerie, aérienne ou maritime succédera une autre guerre économique cette fois-ci.

Croit-on qu’elle ferait moins de morts ? Pas sûr, ou moins instantanément. Les entreprises tomberont en premier. Notamment les entreprises de transport.

Il n’y a pas de bonne guerre. Ce n’est pas un jeu. Ou si c’en est un, comme le vieux film Wargames des années 80, « le seul moyen de gagner est de ne pas jouer ».

Florence Berthelot 

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