Le monsieur te demande…
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Alors que les fanfares se sont tues, que l’hymne national a été copieusement massacré au bas des Champs-Elysées et que les lampions du 14 juillet ont été éteints, on ne peut pas parler de lendemain de fête. Après que le Président de la République ait (encore et toujours) parlé de guerre pour expliquer qu’il faudrait relever le budget consacré à la défense, c’est au Premier ministre de venir expliquer comment il envisage de bâtir un budget avec des dizaines de milliards d’économies et pas de hausses d’impôts.
Est-ce que l’on était vraiment impatient de l’écouter ? Heu… En toute honnêteté, non. Mille ballons d’essai ont été envoyés : de l’année blanche (désindexation des retraites et des prestations sociales) au gel des barèmes de l’impôt, chacun y est allé de son couplet.
D’autant que si l’on parle du projet de loi de finances, un silence pudique est conservé sur un autre texte tout aussi engageant à savoir le projet de loi de financement de la sécurité sociale. C’est là que l’on peut raboter allègrement les allègements généraux de charge, instaurer des jours de carence non indemnisés, dérembourser un peu plus les médicaments et prestations médicales. Mais ça, ce sera pour plus tard.
Dans sa conférence de presse intitulée « le moment de vérité » (ça ne s’invente pas quand même), le Premier ministre indique que cela fait cinquante ans que l’on n’a plus présenté un budget à l’équilibre. Pardon mais à qui la faute ? Et manifestement, il lit les éditos de la FNTR (rires) en ajoutant « nous sommes accros à la dépense publique » . Oui, la semaine dernière, on parlait de drogue dure. Sauf que le nous, c’est surtout vous.
Dans tout cela, la logique est toujours la même : on prétend que l’on va demander un effort aux plus aisés, puis à ceux qui sont aisés, puis à ceux qui ne le sont pas tant que ça et finalement à tout le monde.
Et au passage, on dira sans le dire que l’on est paresseux, trop gâtés, improductifs et assistés. Mais vous allez vous mettre un peu au travail non ?! Quant aux malades, vous aussi vous allez faire un effort. Quelle idée d’être malade ?
Pour toutes ces raisons, la sentence est tombée le 15 juillet ! Suppression de deux jours fériés : le lundi de Pâques et le 8 mai. Annoncer cela alors qu’une partie des Français est en congés, c’est assez croquignolet.
En gros, le monsieur te demande de faire des efforts. Un point c’est tout.
Sauf que, quand on échange dans son milieu familial ou amical, la petite musique qui monte c’est « Nous n’y sommes pour rien... Pourquoi ce serait à nous de payer ? »
Ce n’est pas tout à fait exact, nous avons voté pour ces personnes, quelle que soit leur couleur politique, et qui nous ont mené clairement dans le mur. Donc nous avons aussi notre part.
Là, franchement agir sur les jours fériés, c’est sacrément gonflé. Pas certain que l’on ne touche pas là à quelque chose de très sensible chez nos concitoyens. D’autant que le précédent du lundi de Pentecôte, supprimé sans être supprimé (la preuve les camions de transport de marchandises sont interdits de rouler ce jour-là alors que les entreprises devraient pouvoir travailler) pour financer le soutien aux personnes âgées après la canicule de 2003, laisse tout le monde perplexe. Les personnes âgées n’ont rien vu et lors de canicules, on se rend compte que nous sommes le pays le moins climatisé d’Europe, du monde ou de la galaxie c’est selon.
Ironie de l’histoire, nous sommes à peine une semaine après la fin d’Ambition France Transports où il faut trouver des milliards pour les infrastructures.
Proposons donc de supprimer tous les jours fériés, et pourquoi pas la moitié des week-ends tant que l’on y est. Il n’y a pas d’activité, les volumes sont à la ramasse, les commerces ferment, la réindustrialisation est une vaste plaisanterie. On en est même à être devenu importateur de farine.
Oui vous avez lu, c’est incroyable : la France pays des champs de blé à perte de vue, importe de la farine !
Le monsieur peut demander tout ce qu’il veut. On n’est pas le père Noël. Et en plus on est en juillet. Et peut-être que l’on va nous sabrer Noël aussi.
Faites de vraies économies d’abord. Après on discutera (ou pas).
Florence Berthelot