Caniculés
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Dans la série « on vit une époque formidable » voici l’épisode n°4356 : « La canicule ».
Alors que, quand on se gèle et que l’on s’interroge, faussement étonné, sur le changement climatique et que l’on nous répond « ne pas confondre météo et climat », quand il fait chaud, c’est une autre chanson. C’est forcément le réchauffement climatique, on n’a jamais vu ça, c’est de plus en plus souvent et bla et bla et bla. Les cartes météo tournent au rouge bordeaux voire noire. La France a peur. C’est surtout que l’on n’a aucune mémoire mais bon…
À propos de mémoire, l’esprit facétieux qui rédige ces lignes a voulu savoir l’origine du mot canicule. Déjà ça vient du latin, on ne sera pas surpris. Et canicula veut dire « petite chienne ». Alors avant que d'autres esprits retors ne viennent dire de bêtises, c’était aussi le nom de l’étoile Sirius qui se lève en même temps que le soleil entre le 24 juillet et le 24 août. Donc une période chaude que d’aucuns appellent l’été.
(Cette minute culturelle vous a été offerte par la FNTR.)
Dans la période, le pire est quand même que, puisqu’il fait chaud, nous redevenons tous de petits enfants. La preuve, on nous bombarde de conseils à la noix (pour ne pas dire autre chose) : buvez de l’eau, habillez-vous légèrement, restez à l’ombre. Ah, dans l’hypothèse où sur un coup de tête, on se mettrait à boire de la vodka en plein soleil avec un anorak sur le dos. On n’est jamais trop prudent.
Il paraît qu’il y a même un numéro vert… Vous vous voyez en train d’appeler : « J’ai chaud ! » et avec pour réponse « Hydratez-vous. » ? Cela a beau être gratuit, ça n’en demeure pas moins très bête. Cela donne surtout l’illusion de faire quelque chose au lieu d’installer des climatisations dans les écoles et les hôpitaux.
Voilà même que dans un esprit très français, nous avons de nouveaux décrets et arrêtés, applicables au 1er juillet 2025, visant l’objectif louable de protéger les salariés. Comme d’habitude, on nous donne des niveaux de vigilance de verte à rouge et ensuite toute une liste d’obligations allant de la modification de l’organisation du travail à la mise à disposition d’eau potable, de la climatisation dans les véhicules à la diffusion d’information sur la conduite à tenir en cas de fortes chaleurs (« Hydratez-vous. »).
Que l’on ne se méprenne pas : bien sûr qu’il faut tout faire pour que ceux qui travaillent n’aient pas à subir les conséquences néfastes de la chaleur excessive. Mais pourquoi en 2025, faut-il encore pondre des textes de cette nature ? Alors on dira qu’il y a des employeurs malveillants ou inconscients. Il faut alors les sanctionner lourdement ! Et non pas donner l'impression une fois de plus que l’on fait quelque chose, alors que l’on ne fait que causer. Ou de créer de nouvelles normes.
Nous aurons les mêmes agitations le jour où il neigera, où l’on annoncera des vents violents ou des inondations ou une tempête de sable. Nous dresserons des remparts de mots.
Bon c’est pas tout. Non seulement on a chaud, mais en plus il fait soif…
(Hydratez-vous.)
Florence Berthelot