Un peu dérangeante…

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Un peu dérangeante…

En parcourant l’actualité le week-end, on tombe sur un article du service public de l’information qui commence par ces mots : « Une mauvaise nouvelle, un peu dérangeante ». À la lecture du titre puis de l’article lui-même, les termes « un peu dérangeante » vont apparaitre comme un euphémisme. En fait, c’est tellement contre-intuitif que l’on pourrait croire à une blague du Gorafi ou à un poisson d’avril. Le sujet : « La baisse de la pollution à l’échelle de la planète aggrave le réchauffement climatique ».

Pardon ?!

Ce n’est pas une seule étude, mais bien plusieurs qui viennent corroborer cette affirmation. La dernière en date émane de chercheurs de l’institut Cicero en Norvège, publiée le 3 avril 2024. La baisse de la pollution pourrait représenter 40 % (!) de l’augmentation de l’énergie qui a réchauffé la planète entre 2001 et 2019.
En cause, les particules de pollution. « Lorsqu’elles sont en suspension dans l’air, [elles] réfléchissent la lumière dans l’espace, et provoquent donc un refroidissement. Si l’on en a moins, il y a réchauffement. Les particules peuvent aussi augmenter le nombre de gouttelettes dans l’air : faire de plus grands nuages, qui durent plus longtemps – or les nuages aussi réfléchissent la lumière. » On pourrait aussi ajouter que les nuages sont de la vapeur d’eau et que la vapeur d’eau est considérée aussi comme un gaz à effet de serre.

Caramba ! C’est la tuile. Toute une génération s’est inquiétée de la pollution et parlait de « protection de l’environnement ». Puis les générations suivantes ont commencé, à partir de la fin des années 80, à parler de « développement durable » et de « réchauffement climatique ». Maintenant, on parle de « dérèglement climatique ».

Pas sûr d’ailleurs que tout le monde ait bien en tête que lorsque l’on parle de pollution, on parle de de particules et de gaz polluants dangereux pour la santé. Alors que lorsque l’on parle de dérèglement climatique, on évoque des gaz à effet de serre qui ne sont pas, à proprement parler (si l’on peut dire) dangereux pour l’homme. C’est la différence entre l’instauration des ZFE pour améliorer la qualité de l’air, et la décarbonation pour réduire l’empreinte carbone des activités humaines.
Or, voilà que faire diminuer les premiers augmente les seconds. C’est franchement à devenir fou. Et 40 % ce n’est pas rien tout de même. Cela en fera la première cause de réchauffement loin devant les transports (tous modes et tous véhicules confondus).

L’article se finit d’une drôle de façon : en gros, tout cela est tellement complexe que l’on ne sait pas comment ça va évoluer.
On est bien avancés.
Et idéalement, il faudrait prendre des mesures qui « à la fois » réduisent la pollution et le dérèglement.
Une sorte de « en même temps ». Oui, oui, oui… mais comment ?
Il est peu étonnant que ce genre d’information, pourtant majeure, ne fasse pas la Une des journaux. Car cela aurait un effet dévastateur sur beaucoup. Pourtant, cela devrait nous inciter à plus de modestie et d’humilité face à la Nature.
Elle sera toujours plus forte que nous.

Florence Berthelot

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