Transporteurs bio

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Transporteurs bio

Lorsqu’on parle transition énergétique, la plupart évoquent immédiatement les motorisations électriques ou à hydrogène. Preuve en est que dans le « plan de relance », les aides à l’achat ne visent que ces deux technologies.

Ce qui est une erreur pour plusieurs raisons.

La première est que ces technologies ne sont pas encore matures pour le transport lourd.

La deuxième est qu’il faudra bien considérer ces motorisations en cycle complet (production de l’énergie, du véhicule, fin de vie du camion) pour savoir si elles sont moins émettrices de gaz à effet de serre.

Enfin « transition » veut bien dire ce que cela veut dire. C’est un passage. La motorisation électrique et la motorisation hydrogène sont plus aujourd’hui des objectifs que des énergies de transitions.

Les Organisations professionnelles du transport viennent d’écrire au Ministre de tutelle pour rappeler qu’on ne doit pas oublier le GNV et plus particulièrement le BioGNV comme énergie alternative.

On peut y rajouter les biocarburants : huile de colza, huiles alimentaires usagées. Ces bio-carburants ne doivent pas être négligés. Loin des « bio-diesel » de première génération issus de denrées normalement destinées à l’alimentation humaine, et qui avait provoqué il y a plus d’une décennie, des émeutes de la faim dans certains pays, les bio-carburants d’aujourd’hui ne peuvent plus souffrir de ces reproches.

Produits localement, ils sont la base d’une véritable économie circulaire et participent d’un début d’indépendance énergétique d’un pays.

Ajoutons qu’ils ne nécessitent pas d’investir dans de nouveaux véhicules, une simple intervention sur les camions existants permet leur utilisation. Ce qui les rend notamment économiquement accessibles aux plus petites entreprises de transport routier dont les capacités d’investissement sont plus limitées, surtout en ce moment.

La transition énergétique réside aussi là, à portée de cuve. Avec à la clé, des réductions d’émissions de CO2 « du puits à la roue » de… 80% ! Bien plus que ce que ne fait apparaitre l’étude d’impact de la loi portant sur la transposition des propositions de la convention citoyenne à coup de taxes et de nouvelles obligations. L’obligation d’une formation à l’éco-conduite, et la suppression de la ristourne gazole ne permettraient qu’une réduction maximale de 4% des émissions de GES. Quant au gain environnemental des écotaxes régionales, il n’a même pas été chiffré ! (peut-être parce qu’il n’y en a aucun ?).

Dans dix ans, même si on espère avoir doublé la part modale des autres modes (ferroviaire et fluvial), le transport routier de marchandises restera très largement majoritaire de ce pays. Et si on ne veut pas prendre le risque d’un échec politique dans la politique environnementale, voire d’un échec tout court dans la lutte contre le réchauffement climatique, il faut résolument accompagner les opérateurs de transport dans une transition pragmatique et réaliste.

Les bio-carburants font indiscutablement partie des solutions.

Il y en a encore d’autres. Nous, nous croyons au progrès.

Florence Berthelot

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