Papier, crayon

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Papier, crayon

Si certains s’interrogent parfois sur l’inspiration des éditos, il faut savoir que parfois les sujets arrivent tous seuls. Et cette fois-ci par La Poste. En main, un courrier de la banque qui annonce fièrement que les relevés papiers seront supprimés à compter du mois d’avril.

Le motif est connu : il faut sauver la planète et notamment les forêts. Vive la dématérialisation…. Evidemment, si vous n’êtes pas d’accord vous scannez un QR Code pour accéder à l’application, ou vous vous connectez sur votre compte internet ou, pour les croulants, vous appelez un numéro vert.

Ce courrier est véritablement à encadrer car il résume à lui tout seul, les fameuses simplifications de notre époque. Mais de qui simplifie-t-on la vie ? Car au final c’est nous qui devons faire tout le travail. Le reste suit en automatique.

Déjà on vous supprime les tickets de caisse sauf si vous le demander expressément. Une erreur, un mauvais prix ? Vous le découvrirez plus tard et vous irez faire votre réclamation au magasin. A condition qu’il ne soit pas trop loin sinon le bilan carbone ne sera pas bon.

Le 0 papier prend le pas sur tout. Bulletins de salaire, notes de frais, mais aussi factures (électroniques ou pas encore), billets de train, cartes d’enregistrement d’avions, journaux et livres. Il faudra se demander si on économise beaucoup de papiers avec ça.

Et si on sauve réellement la planète. Car aujourd’hui l’empreinte carbone du numérique est relativement faible par rapport aux émetteurs les plus importants. Environ 4% des émissions mondiales et 2,5% au niveau national.

Mais au sein même de ce secteur numérique, la plus grosse part vient des centres de données ou data center et des services et applications numériques.

La dématérialisation aura inévitablement pour effet d’augmenter encore cet impact environnemental même si on ne le voit pas car il est invisibilisé. C’est le système des vases communicants.

Sans oublier tout une partie de la population qui demeure très mal à l’aise avec cette numérisation, ou qui préfère le papier pour suivre ses comptes, tenir un budget ou même lire un bon bouquin dont on tourne les pages avec délice.

Certes, les plus jeunes ou les plus « branchés » diront que c’est le passé et que ce progrès est forcément meilleur.

Pourtant cela nous expose à de grandes fragilités : confidentialité des données, vol ou tout simplement perte desdites informations, documents, archives. On aura eu intérêt à faire des sauvegardes ou des copies…papier.

Que dire aussi de retrouver ses multiples identifiants, mots de passe (surtout jamais le même) avant de passer à la reconnaissance faciale ?

Et puis les entreprises vous diront qu’en cas de contrôle, on ne vous demande pas des clés USB. On vous demande tous les documents en version palpable. Et les imprimantes fonctionnent alors à plein régime.

C’est comme pour tout : des idées qui avaient l’air bonnes au départ, et qui ne le sont pas tant que ça. C’était séduisant…. Sur le papier.

Florence Berthelot

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