Nous sommes en guerre... économique

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Nous sommes en guerre… économique

Les péripéties de ces derniers jours sur la vente de sous-marins ou de rafale ont fait couler beaucoup d’encre. Cela a seulement permis de rappeler que, quand des enjeux économiques sont en cause, on se situe sur le front. La plupart du temps sans alliés.

On a vu la France, dépitée, se tourner vers l’Europe en demandant de se positionner. Ce qui fut fait du bout des lèvres par la Présidente de la Commission. Et pour cause, cette guerre économique fait aussi rage au sein de l’Union Européenne. Personne ne fait de sentiment. L’Allemagne défend son industrie, la Grèce son tourisme et la Pologne son transport routier.

Au niveau mondial, c’est encore plus acharné. Il s’agit non seulement d’être le plus compétitif mais aussi le plus agressif. Et pas seulement sur le plan commercial.

Ce n’est pas la première fois que nous évoquons le projet chinois OBOR : « One belt, one road » visant à recréer les routes de la Soie. Ce projet inclut de faramineux projets d’infrastructures terrestres, rails, routes, ports et voies maritimes. Avec l’instauration de positions stratégiques.

Ce n’est pas pour rien qu’après le départ des Américains de Kaboul, Pékin a aussitôt affiché son intention de travailler avec les nouveaux dirigeants d’Afghanistan, tant ce pays est déterminant pour la réalisation d’OBOR.

Cela a déjà été écrit dans ces colonnes. En temps de guerre comme en temps de paix, la clé de toute victoire est la logistique.

A la négliger, on prend le risque de lourdes déconvenues.

Ceci a été rappelé à l’Assemblée Nationale, il y a quelques jours, lors d’une audition sur la « résilience » du transport. Ah la résilience… Derrière ce terme, était en débat la capacité de continuité d’un pays en cas de crise (sanitaire, terroriste, climatique, cyberattaque, etc.).

Fort de l’expérience du premier confinement de mars à mai 2020, il a été aisément démontré que sans l’engagement du transport routier français, le pays se serait écroulé. Car ce n’étaient pas les transporteurs étrangers, eux-mêmes mobilisés dans leurs propres pays, qui auraient pu approvisionner les magasins et les activités qui tournaient encore.

Les transporteurs et leurs personnels ont fait le job, sans se poser de questions, sans états d’âme. Ils l’ont fait parce que cela devait être fait.

Certains l’ont oublié un peu vite.

Dans tout conflit, on défend toujours une souveraineté. D’où la nécessité de s’appuyer sur ses propres armes. C’est bien pourquoi il faut plutôt soutenir le transport routier français plutôt que, une certaine accalmie revenue, de lui taper sur la tête à coup de taxes et de normes.

Quelle que soit la guerre dont on parle, et notamment dans la guerre économique, si les opérateurs nationaux ne sont plus là, les lignes ne seront plus tenues.

Florence Berthelot

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