Le syndrome du pangolin

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Le syndrome du pangolin

Apparemment, le pangolin ne serait peut-être pas si responsable que ça de l’épidémie. D’ailleurs un grand réseau social a décidé de ne plus supprimer les messages de ceux qui mettent en cause une origine laborantine, volontaire ou non.

Pauvre bête… Depuis plus d’un an, on lui imputait la source de ce mal à part égale avec la chauve-souris, les deux n’étant pas -il faut l’avouer- servis par un physique avantageux. Pour certains commentateurs la responsabilité du « fourmilier écailleux » (appartenant à la famille des mammifères pholidotes, excusez du peu) était avérée. Ou plutôt celle de ces sales humains qui, se répandant sur toute la planète comme une plaie, mettaient en péril la biodiversité et l’habitat des animaux, ce qui générait les épizooties et la transmission de virus inconnus. Et si possible dans un pays lointain parce que ces choses-là n’arriveraient pas chez nous.

Que n’a-t-on pas entendu sur le fait que ces épidémies allaient, de ce fait, se multiplier ? Les collapsologues se sont régalés. Sauf qu’un an et demi plus tard, les explications naturelles ne sont plus si certaines. Les « experts » ont mis de l’eau dans leur vin ou dans leur soupe à la pipistrelle.

Ça sent un nouveau syndrome : le syndrome du pangolin.

Qui consiste à désigner un responsable et ne pas chercher plus loin, ce qui au passage, faute d’autres causes, permet d’éviter de rechercher d’autres solutions.

Dans un registre moins dramatique, ça nous rappelle la pollution de la vallée de l’Arve en Haute-Savoie. Régulièrement pollués par les particules fines, les habitants étaient partis en croisade contre les camions qui traversaient la vallée. Il fallait les interdire car c’était évidemment de leur faute.

Il a fallu des années avant qu’un rapport ne vienne conclure que 85% des particules venaient… des feux de cheminée des habitants eux-mêmes. Et quand il s’est agi de prohiber les belles flambées chez les particuliers, cela a été une tout autre affaire.

Ce genre d’histoires devraient inciter tout le monde à un peu plus de prudence quand il s’agit de taxer le transport routier (au sens propre comme au figuré) de tout ce qui touche à la pollution, au réchauffement climatique et à la sécurité routière.

Les chiffres existent, publiés par le Ministère de l’écologie, et ils ne disent pas exactement ce que l’on leur fait dire. Qu’importe... Il reste de bon ton d’incriminer une activité si indispensable et si essentielle que, si elle s’arrêtait demain, tout le monde mourrait de faim et l’économie s’arrêterait.

L’écologie c’est un tout. Il convient d’avoir une approche globale sur notre mode de vie, de consommation, de production. Et non pas de désigner sans savoir un responsable, voire un coupable, pour se donner ensuite bonne conscience.
En gros, il faut arrêter un peu de pangoliner*.

*du nouveau verbe « pangoliner » créé par Idriss Aberkane

Florence Berthelot

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