Le conte et la marquise

-
Le conte et la marquise

Alors que le moral des chefs d’entreprise est en berne au vu de l’activité ralentie, on voit bien le Gouvernement tenter d’insuffler des messages positifs et des perspectives plus séduisantes. Que cela plaise ou non, c’est le rôle d’un Gouvernement de regarder plutôt le verre à moitié plein, là où la plupart auraient un « ressenti » de verre à moitié vide. Cependant, la frontière est fine entre un optimisme affiché et ce qui pourrait passer pour une énième opération de communication. Un récit voire un conte.

À propos du trimestre anti-inflation, la ministre du commerce a voulu se réjouir en annonçant qu’en moyenne, le panel des 100 produits retenus pour cette initiative avait baissé de 13% sur les sept dernières semaines.

Il faut toujours se méfier des moyennes. Ne dit-on pas qu’un statisticien est quelqu’un qui avec les pieds dans le four et la tête dans le réfrigérateur vous dira que vous êtes « en moyenne » à bonne température ?

En réponse à cette déclaration, l’association UFC-Que choisir a lapidairement répondu : « Malheureusement, cette affirmation est fausse ». S’ensuit une bataille de chiffres et l’intervention, cette fois, du ministre de l’Économie. Qui dénonce une méthodologie malhonnête de la part de l’association.

S’il est véritablement impossible de trancher le débat, il est certain que toute personne qui fait ses courses n’a pas réellement l’impression que la facture a baissé. Mais une fois de plus, c’est du « ressenti ».

Plus grave, à l’occasion de l’évènement « Choose France » où sont conviés de grandes entreprises du monde entier, on se félicite de l’attractivité de la France en termes d’investissements étrangers. Là aussi réjouissons-nous.
Seulement dans le même temps, le Cabinet Altarès publie une étude inquiétante : les défaillances d’entreprises ont augmenté de 43,6% entre le 1er trimestre 2022 et le 1er trimestre 2023. Altarès souligne : « plusieurs défauts de PME dans le secteur textile-habillement, suivi par le bâtiment, le transport routier de marchandises ou encore la restauration. »

De manière globale, pour les PME et ETI, il faut remonter à 2016 pour trouver des chiffres élevés de défaillances. Et 92% des entreprises concernées sont des TPE. En cause, l’augmentation des coûts notamment de l’énergie, et l’impossibilité de rembourser les PGE font partie des explications.
La fragilité économique est réelle. Les perspectives sont peu réjouissantes. Malgré des prix de l’énergie nettement en baisse par rapport à leur pic, l’activité est aussi morose que le moral des entrepreneurs. Et en économie, la psychologie a aussi une importance majeure.

Il ne sert à rien de chanter obstinément « Tout va très bien, Madame la Marquise ». Car quand on danse sur un volcan, celui-ci reste éruptif. Même si on y danse le menuet.

 

Florence Berthelot

Haut de page