La culotte
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Il y a des moments comme çà où le ciel vous fait un signe. Assise sur un banc à l’aéroport d’Ajaccio, en attendant le départ de l’avion du retour des vacances, ça gamberge : « je ne vais tout de même intituler mon édito comme ça. Déjà qu’il y en a qui trouvent que je pousse souvent le bouchon un peu loin… ».
Un bus passe. Sur son flanc, une affiche publicitaire « Vincè en tournée d’été 2025 sur toute la Corse avec son spectacle : la petite culotte… ». La mâchoire se décroche. Nous devons être vraiment dans la Matrice. Donc l’édito portera bien le titre que j’avais initialement imaginé.
Déjà, pour ceux qui passent les vacances en bord de mer, un fait notable : la plage est probablement l’endroit où on peut s’exhiber en quasi sous-vêtements sans encourir une amende pour attentat à la pudeur. On est tous en culotte. Et quoi que l’on dise, on mate. On se mate tous. Surtout, on perd tous ses complexes par rapport à nos corps imparfaits. Sauf quand passent la belle fille ou le beau gars, genre mannequin des magazines qui nous font soupirer de dépit.
Si l’on parle des vacances à la plage, c’est aussi parce que c’est justement à ce moment que les actualités politiques ou économiques les plus sensibles sortent. Partant du principe que les gens n’y prêtent pas attention entre les grasses matinées et les apéros, de véritables coups de tonnerre se produisent sans provoquer de tempêtes.
Enfin presque…
Car l’annonce le 27 juillet de la déclaration conjointe de Donald Trump et d’Ursula Von der Leyen sur les droits de douane américains appliqués sur les exportations européennes a fait grincer des dents. En langage diplomatique, on parle de « réactions mitigées ». 15% de droits de douane sauf sur certains produits dits stratégiques (aéronautique, semi-conducteurs, chimie et médicaments génériques) mais surtout l’engagement de l’UE d’acheter pour 750 milliards de dollars d’énergie américaine (genre pétrole et gaz de schiste) sur trois ans et d’investir 600 milliards de dollars dans l’économie américaine.
Notons que le Royaume-Uni qui a quitté l’Union européenne n’aura des droits de douane que de 10%. Et que nous allons acheter des énergies fossiles aux américains alors que cela fait plus de 6 ans que l’Europe nous bassine avec le Green Deal. Génial…
En langage non diplomatique, on dirait précisément que l’on a baissé culotte. Que l’on s’est fait avoir pour ne pas dire autre chose. Le Président américain, vilipendé, traité de tous les noms par les médias français et européens peut rigoler. Il a gagné.
Quoi que l’on en dise et même en tentant de réécrire l’histoire, en essayant de vendre que c’est un bon accord (plus pour les Allemands que pour les Français au passage..), l’Europe vient (encore) de perdre des points.
On se tord les mains pour regretter que le vin français n’ait pas pu être exempté des droits de 15%. Et par ailleurs, pas une semaine ne passe sans que l’on apprenne que les sociétés américaines rachètent à tour de bras nos fleurons industriels ou tertiaires.
Bref on est très très dénudés, et pas pour le plaisir.
Il nous reste à nous reconvertir dans la lingerie. Ah ben non, on apprend que la marque Petit Bateau passe sous pavillon américain…
P.S On apprend que certains économistes proposent qu’en rétorsion de la politique américaine, les Européens ouvrent grand leur marché à la Chine, sans aucune restriction… Consternant.
Il y a des fessées qui se perdent. Cul nu.
Florence Berthelot