Des caillasses dans les godasses

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Forcément, quand on évoque un secteur d’activité, on parle d’abord des « grands dossiers ». C’est-à-dire de ceux dont l’environnement professionnel ou le grand public peuvent prendre la mesure.  La question est fréquente : « Quels sont vos grands sujets actuellement ? ». Alors évidemment, dans le transport routier de marchandises, ce qui vient rapidement ce sont la décarbonation, les ZFE, l’emploi et le recrutement. On y ajoute la hausse des coûts des énergies, des péages, les relations contractuelles avec

Forcément, quand on évoque un secteur d’activité, on parle d’abord des « grands dossiers ». C’est-à-dire de ceux dont l’environnement professionnel ou le grand public peuvent prendre la mesure.

La question est fréquente : « Quels sont vos grands sujets actuellement ? ». Alors évidemment, dans le transport routier de marchandises, ce qui vient rapidement ce sont la décarbonation, les ZFE, l’emploi et le recrutement. On y ajoute la hausse des coûts des énergies, des péages, les relations contractuelles avec les clients.

Mais on aborde moins d’autres sujets qui, de l’extérieur, peuvent paraitre moins majeurs mais qui empoisonnent la vie des entreprises. Un élu de la Fédération (qui se reconnaitra car c’est un fidèle lecteur) avait joliment qualifié ces « petits » sujets de « cailloux dans les chaussures ».

Et on dira ce qu’on voudra, quand on est sur un chemin, certes il peut y avoir des obstacles et on s’ingéniera à les surmonter ou à les contourner, mais si on a des caillasses dans les godasses et bien on ne peut plus marcher

Le saviez-vous ? (Petite digression culturelle) : en latin, les cailloux dans les caligae (sandales lacées dans la Rome antique) s’appelaient des scrupuli (au singulier scrupulus), à l’origine de notre mot « scrupules ».

Mais ce ne sont pas des scrupules qui embêtent les entreprises mais des tas de problèmes et soucis qui leur pourrissent la vie, et les empêchent de faire ce qu’elles doivent faire : prospérer.

Dans une réunion professionnelle ou une assemblée générale, quand vous avez épuisé (dans tous les sens du terme) les gros dossiers, les questions ou observations portent là-dessus.

Des délais de délivrance des titres professionnels ou des permis de conduire (cela fait des années qu’on en parle et ça n’avance toujours pas), au fait que dans certaines régions, on ne fera pas passer le permis de conduire en juillet ou en août (les inspecteurs sont en vacances), ce sont ces tracas quotidiens qui usent les chefs d’entreprise.

On vous passe encore les innombrables enquêtes statistiques auxquelles il faut répondre sous peine d’amende.

Ou bientôt l’obligation en temps réel de déclarer les immatriculations de tous les véhicules utilisés par l’entreprise qu’on achète un nouveau camion ou qu’on s’en sépare.

Avec des conséquences parfois très sérieuses : par exemple, il devient de plus en plus difficile de trouver un médecin du travail pour faire passer les visites médicales obligatoires des conducteurs. Or, cette visite et l’aptitude prononcée qui en découle sont obligatoires pour continuer de travailler. Pas de visite, pas de renouvellement de permis.

La liste est longue !

Alors qu’est-ce qu’on fait ? On alerte. On écrit aux services concernés, aux administrations centrales au ministre. Qui répondent que les choses vont s’arranger ou qu’une mission va être confiée à des personnalités qualifiées pour trouver des solutions. Mais le temps court et les solutions se font attendre.

Entre l’avalanche de normes qui sont aussi handicapantes que l’augmentation des coûts, et l’impossibilité de les appliquer parce que certains services administratifs ne suivent pas, il faut vraiment avoir du cœur au ventre pour être entrepreneur aujourd’hui.

En gros, serrer les dents pour ne pas penser à nos pieds blessés.

Florence Berthelot

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