Considérations(s)

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Considérations(s)

Le rôle d’une Fédération est d’évoquer la politique professionnelle, d’influer sur les politiques publiques et la réglementation dans l’intérêt des entreprises, de participer au dialogue social de branche et dans une autre dimension d’apporter des réponses juridiques, techniques, sociales et autres à ses adhérents.

Si on ne parle jamais de prix, en revanche (et surtout dans le contexte actuel) on peut parler des coûts. Et d’ailleurs, des organismes professionnels dans lequel siègent également des représentants de l’Etat le font aussi. Dans le transport routier, le Comité National Routier le fait régulièrement, en plus des autres travaux importants qu’il mène notamment sur les comparatifs européens, et indices de référence, très utilisés pour la répercussion de la variation des prix du carburant (gazole et plus récemment GNV).

Il y a un mois, le CNR a publié ses prévisions d’augmentation des coûts pour 2022. Il est clair que cela faisait des années voire des décennies que l’on n’avait vu de tels pourcentages d’évolution. Et ce alors même que les négociations salariales de la branche ne sont pas terminées et que les revendications syndicales sont élevées. La prochaine réunion sur les minima conventionnels de branche est fixée au 5 janvier.

Dans ce contexte, de nombreux transporteurs font état de blocages dans les négociations tarifaires avec certains de leurs clients chargeurs.

Il semblerait d’ailleurs que plus le client soit « gros », plus il bloque. C’est avec perplexité qu’on entend que de grandes entreprises françaises (parfois cotées en bourse et à dimension internationale) n’accepteraient qu’une hausse très limitée de leurs coûts de transport, bien loin de la réalité de l’inflation subie par le secteur du transport routier de marchandises !

L’information vient de partout. Ce n’est donc pas une rumeur.

Cela parait d’autant plus baroque que, par ailleurs, les acteurs cités appliqueraient des hausses émouvantes à leurs propres clients.

On ne peut s’empêcher de penser que la plupart publient des rapports RSE où ils font tout de manière éthique, y compris pour leurs fournisseurs…

Les mécanismes visant à l’équilibre des relations commerciales, prévus par la loi, s’avèrent de peu d’effet. Ces discussions tarifaires, dans lesquelles nul ne peut interférer entre le vendeur et l’acheteur, s’avèrent, plus que jamais, un rapport de force, en défaveur totale du vendeur. Mais cette situation révèle, de manière générale, le peu de considération de certains acteurs économiques vis-à-vis des entreprises de transport et du service qu’elles leur rendent. Et l’absence de reconnaissance de la valeur ajoutée du transport.

Il est désespérant, surtout après deux ans de crise sanitaire, qu’on on en soit encore à ces considérations, à tenter de toujours tirer les prix de transport au plus bas et sans aucune justification pertinente.

Les négociations salariales se poursuivent dans notre secteur. Elles sont difficiles. Mais si la grogne sociale devait encore augmenter en 2022 (ce que personne ne souhaite), la responsabilité n’en n’incombera pas aux seules entreprises de transport.

L’attitude de certains chargeurs sera clairement en question.

Florence Berthelot

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