Avant/après

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Avant/après

On sait que l’économie est aussi une affaire de psychologie. D'où l’annonce faite la semaine dernière que les Français pourront bien partir en vacances en juillet et en août. La belle affaire ! 10 jours après le « déconfinement » (dont la définition n’existe nulle part), et deux mois d’arrêt quasi-total, force est de constater que comme on pouvait le redouter, ça peine à redémarrer. On peut entendre toutes sortes de messages publics, ça ressemble un peu à la méthode Coué. Comment le sait-on ? Simplement en regardant l’activité du transport routier de marchandises. Parce qu’il achemine 90% des biens, il est un indicateur majeur de l’économie. Sans doute voit-on un peu plus de camions sur les routes. Mais les entreprises sont à la peine. Ça patine sec. De quoi légitimement s’inquiéter. Plus inquiétant encore, cette logique du monde d’avant qui consiste à penser qu’il suffit de relancer quelques grands secteurs, pour que « les services » suivent. Franchement, dans ces conditions, pourquoi se préoccuper d’élaborer un plan de relance, ou de sauvegarde du transport de marchandises ? Notons qu’il aura fallu que nos concitoyens restent chez eux pour enfin découvrir le caractère essentiel du transport routier de marchandises. Mais de la part des pouvoirs publics, c’est faire peu de cas des efforts qui ont été fournis par les entreprises et leurs personnels. La chaîne logistique a tenu. « Quoi qu’il en coûte ». On aurait donc pu attendre un peu plus de considération (ne parlons même pas de reconnaissance) à l’heure de la reprise d’activité. Quelques coups de pouce quoi… Que nenni ! De nombreuses entreprises sont en train de couler, tout bonnement. Le risque sur l’emploi est majeur. Pourtant, il n’est pas très compliqué de dire que le secteur restera éligible au chômage partiel au moins jusqu’à l’automne. Il n’est pas insurmontable d’exonérer de charges sur trois mois des entreprises qui ont été obligées de s’arrêter faute d’activités de leurs propres clients. Il est légitime de penser à aider à répercuter le coût des mesures sanitaires. Mais non. C’est silence radio. Il n’y avait aucun plan de continuité avant la crise. Il n’y en pas plus après. De ce point de vue, rien n’a vraiment changé. Dans le temps, pour faire partir un moteur, il fallait le chauffer (c’est de là que vient le mot « chauffeur »). Aujourd’hui, on n’a plus besoin de faire chauffer la machine avant de la faire rouler. Quoique… En traitant le transport routier de marchandises avec cette apparente désinvolture, on fait peser sur l’économie une lourde menace.

Florence Berthelot

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