Sur la terrasse du casino

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Sur la terrasse du casino

Le moment est parfait. Le soleil brille. L’air est tiède. Devant les yeux, une plage immense à marée basse. Des nuages moutonnent au loin dans un ciel bleu azur. Le temps d’un café crème sur la terrasse du casino. Et cette chanson au style un peu rétro, en arrière-fond, avec ses paroles étranges : « Je ne veux pas travailler… Je ne veux pas déjeuner… » Non, je ne vais pas travailler, ce sont les vacances. La météo a annoncé de l’orage pour après. On verra plus tard. Les nuages ont l’air effectivement de s’amonceler. On dirait une aquarelle maritime. Oh, que dure encore cet instant ! Les chiens gambadent sur le sable, tandis que les enfants font la course jusqu’à la mer. Tout près, des groupes d’amis, des familles font durer le repas. On rit, on discute, on s’exclame. Ça vit. « C’est magnifique, c'est sympathique… » Les mouettes surfent sur la brise marine. Un cycliste fou (ils sont vraiment partout…) a décidé de faire du sport aux heures les plus chaudes (!) et pédale comme un furieux sur la promenade et les passants protestent. Des cumulonimbus se forment. Il va décidemment falloir rentrer. Encore un peu, juste un peu ! « Je veux juste l’oublier. »

C’est cela, oublier. Oublier ce début d’année, oublier la rentrée, les mesures sanitaires, les masques, la distanciation sociale et l’ambiance plombée de la grande ville. Ne pas penser à l’orage qui s’annonce, la crise, les plans de relance (ou l’absence de plan de relance), l’agitation sociale, les inquiétudes et les angoisses (« Vie qui veut me tuer »). Les projets de lois de finances ou la convention citoyenne. Les manifestations, les agacements, les colères. Les gens qui perdent la boule à cause des débats stériles sur les chaînes d’informations continues … Rester juste encore un peu plus longtemps sur la terrasse du casino. « Je ne veux pas travailler, non, je ne veux pas déjeuner, je veux seulement oublier, et puis… Je fume… »

Florence Berthelot

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