Réunionite

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Réunionite

Quand on voit que 2023 prend le chemin de 2022 en termes de travaux et surtout de réunions, on a de quoi s’inquiéter.

Peut-être que c’est la même chose ailleurs, mais comme on connait principalement la situation française, c’est de cette manie française que l’on va parler. Les confinements successifs ont généralisé le recours à la « visio » voir au « call ». Mais depuis les réunions dites « en présentiel » ont également repris. Moralité, on enchaine les réunions, les visio et les calls sur tous les sujets. Et ils sont nombreux.

Il est très intéressant de voir d’ailleurs comment les sujets sont abordés. Il y a urgence climatique, et nous voilà embarqués dans des ateliers, groupes de travail et diverses commissions. Il y a urgence économique, itou. Nécessité d’apporter des solutions aux problématiques d’attractivité des métiers et de recrutement, idem. On y ajoute tous les autres thèmes, et la progression du nombre de réunions devient algorithmique. Surtout quand on a affaire à des personnes, organismes ou organisations qui sont « mono-dossier », alors qu’une Fédération en a des dizaines à gérer.

Quand nos élus ou nos adhérents nous demandent ce qu’on y fait exactement, la première réponse c’est qu’on porte leurs intérêts et que donc, on ne peut pas ne pas y être. La seconde c’est qu’on y parle beaucoup. Et qu’après, on fait des comptes-rendus et des ordres du jour pour la réunion d’après.

Pour causer, on cause…

On parle, on échange, on confronte des opinions, on cite des situations concrètes en exemple, certains sont dans le « Y qu’à, faut qu’on », d’autres affirment qu’on est dans la « concertation ». Généralement ça se termine par : « il faut établir un plan d’action », « il faut élaborer une stratégie ». Dans les variantes, on a la création d’un numéro vert, ou d’une adresse mail de contact.

Quand tout le monde sèche (ou que ça finit par tourner en rond une fois qu’on s’est tout dit) germe l’idée d’une « mission » confiée à une ou plusieurs personnalités qualifiées, une conclusion (peut-être) depuis longtemps écrite sera rendue. Enfin ça, c’est que pensent ceux qui font preuve de mauvais esprits.

Une alternative consiste à lancer des « Assises », des « Etats Généraux », un Conseil National de la refondation. Et c’est reparti pour des ateliers, des groupes de travail, des commissions…

Ou mais… concrètement qu’est-ce qu’on fait ?

C’est cette question qui nous taraude. C’est bien joli toutes ces discussions mais au final on fait quoi ? Pour les ZFE, la compétitivité, les coûts de l’énergie, la simplification administrative, les délais de délivrance des permis, la fiscalité, l’emploi, toutes sortes de concurrences déloyales, etc… etc…

Par bonheur, des sujets aboutissent mais à force d’acharnement et de mois de travail. Mais pour certains, il faut bien reconnaitre que ça ne progresse pas, ou pas assez vite. Le plus curieux dans tout cela, c’est que cela se produit sur des sujets où chacun s’accorde à reconnaitre qu’ils sont prioritaires ou urgents. Qu’est ce que ça serait s’ils ne l’étaient pas… ?

De l’action concrète, de la mesure efficace, c’est ça qui est attendu. On sait que le temps politique n’est pas celui des entreprises, mais quand même.

A moins, à moins que ce ne soit pour dissimuler une incapacité d’agir réellement ou encore une absence de volonté.

Ou encore un travers bien de chez nous qu’Henri Queuille, homme politique, qui fut trois fois Président du Conseil sous la IVème République, résumait ainsi : « Il n'est pas de problème qu'une absence de solution ne finisse par résoudre. »

Florence Berthelot

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