Les canards sauvages

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Les canards sauvages

Un grand philosophe a écrit : « Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages ». (Bon d’accord, Michel Audiard n’était pas connu du grand public en tant que philosophe mais d’une certaine façon, il l’était vraiment).

La réflexion vient à l’esprit quand on évoque certains évènements météorologiques. Ainsi, on a appris que l’Amérique du Nord était sous un « dôme de chaleur ». Les journaux télévisés de nous expliquer que les températures dépassent 47° dans des provinces canadiennes où en temps normal, le thermomètre n’atteint jamais la moitié, même en période estivale.

Voilà que chacun sur les réseaux sociaux y va de son commentaire. Et c’est le réchauffement climatique, et ça va être pire dans les années qui viennent et bla bla… Sauf que dans le Nord de la France, on se gèle. Apparemment, on est sous le coup d’une « goutte froide ». Goutte froide… Dôme de chaleur, le langage météo est inventif.

Alors quand il fait 16° au mois de juillet, la notion de « réchauffement climatique » rend le public un peu sceptique. D’où l’injonction de ne plus parler de « réchauffement » mais de « changement ». Admettons...

N’empêche que sur le réseau « cui-cui » (Touiteur pour les connaisseurs), certains se fendent de messages alarmistes sur le phénomène américain. En gros, on va tous mourir grillés (tiens, il y avait longtemps).

Malicieusement, un collaborateur de la FNTR poste un commentaire du style « encore un qui confond la météo et le climat ». Et oui

Car franchement, se servir d’évènements météorologiques pour faire la démonstration du changement climatique est totalement contreproductif. On peut remonter des décennies en arrière pour retrouver des tornades imprévues là où il n’y en a jamais, des inondations calamiteuses de paisibles ruisseaux, des tempêtes atypiques, de la chaleur inhabituelle en hiver, et des étés au coin de la cheminée.

Le changement climatique, ce n’est pas ça du tout. C’est sur du long terme, pernicieux et sournois, des pénuries d’eau plusieurs années durant dans certains pays, des érosions côtières dramatiques, un déséquilibre général et planétaire. Bref, renseignez-vous un peu avant de prendre le bulletin météo pour le bulletin de santé de la planète.

Si dans un mois, on se paie une canicule de quelques jours, nul doute que quelques-uns vont y retourner de leur couplet. Or, ce n’est pas ainsi qu’on parviendra à convaincre les plus réticents qu’il y a vraiment un gros problème.

Terminons par le Maître Audiard qui, dans une certaine obsession palmipède, a écrit : « Quand un homme a un bec de canard, des ailes de canard et des pattes de canard : c'est un canard. C'est vrai aussi pour les petits merdeux. »

Si c’est pas de la philosophie, ça….

Florence Berthelot

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