A la baille

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A la baille

L’information est passée quasi inaperçue. Depuis 3 mois, plus de 3 000 conteneurs ont été perdus en mer.

C’est un record car la moyenne sur 10 ans est plutôt d’environ 1 300 par an, sachant que pour la période 2017-2019, la moyenne est tombée à moins de 800. 

Les explications sont multiples (ce qui signifie en général que personne ne comprend pourquoi ce phénomène a pris de l’ampleur). De la fatigue des personnels portuaires qui arriment mal les conteneurs aux conditions météo exceptionnellement mauvaises, il semble y avoir conjonction de facteurs alors que le transport maritime transcontinental en partance d’Asie a repris de la vigueur. 

Le record revient à ce bateau japonais qui, en novembre dernier, a perdu en un seul trajet 1 816 conteneurs, dont 64 de marchandises dangereuses. 

Le tout dort au fond de l’océan. Ou pas, car semble-t-il qu’il y ait des conteneurs qui flottent (?) et qui s’avèrent très dangereux pour la navigation des autres navires. On avait déjà à gérer la pollution des mers par des microplastiques, maintenant il faut aborder la question de la pollution par des macro-déchets.

D’un autre côté, 3 000 sur environ 225 millions de conteneurs transportés par an, c’est peu en proportion. Mais souvent très coûteux en pertes nettes. Les assureurs vont probablement augmenter encore les assurances. 

Ce qui tombera probablement très mal car le prix du transport d’un conteneur est en train de s’envoler. En trois mois (toujours), le prix est passé d’environ 2 000 dollars à près de 8 000 dollars. 

Là également en cause plusieurs explications et notamment le manque de disponibilité de conteneurs. Evidemment s’ils tombent à la baille, c’est sûr qu’il y en a moins (pur mauvais esprit, pardon). 

Certains se réjouiront de cette augmentation du prix, trouvant là la justification de relocaliser en Europe. A voir. Il en faudrait beaucoup plus pour relocaliser car le seul prix du transport n’est pas en cause !

Au passage, comme tout commerce suscite le besoin de transport, une très hypothétique baisse du transport maritime se traduirait par une hausse d’autres modes. Dont le transport routier. Et c’est là qu’il faut peut-être bien réfléchir à ce qu’on fait.

Car à vouloir augmenter à toute force les taxes sur le mode routier dans le but (absurde) de faire remonter son prix, on risque d’annihiler toute velléité de relocalisation d’industries aujourd’hui externalisées hors de notre territoire.

Ou encore on risque de fragiliser les entreprises françaises encore un peu plus face aux concurrents étrangers, moins chers.

Nous avons déjà perdu la souveraineté sur un certain nombre de productions y compris stratégiques (médicaments, masques etc…), il ne manquerait plus qu’on abandonne le transport routier français.

Il y aura toujours quelqu’un pour récupérer le bébé, avec l’eau du bain.

Ce serait le meilleur (ou le pire) moyen que tout le monde finisse… à la baille.

Florence Berthelot

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