J’ai cousu un masque

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J’ai cousu un masque

« (série d’injures) de machine de …, matériel à la …. !». On n’a pas assez de masques, et pourtant dans la rue tout le monde en porte. Bref, me remémorant mes cours de couture chez les Ursulines ( si, si !), j’ai tenté l’expérience lors du week-end de Pâques de mettre en pratique un des « tutos » de Youtube. J’ai pris le modèle AFNOR, un vêtement trié et que je ne remettrai jamais (en tissu épais) et j’ai sorti cette machine à coudre qui traînait dans un placard. La couture n’est pas forcément comme le vélo. D'abord, par un grand mystère (où est le mètre ruban ?) vos mesures ne sont pas égales entre la première couche de tissu et la seconde. On recoupe (avec des ciseaux plus adaptés pour le papier que pour le textile)… et on se retrouve avec un gabarit pour bébé. On recommence (où est le mètre ruban ?). Le paquet d’épingles tombe, et là on joue au mini-mikado sur le parquet. Ça se finit à l’aspirateur parce que la patience a des limites. Bref, passons à la couture proprement dite. Enfin, proprement, c’est vite dit (comment on fait une canette déjà ?). L’aiguille saute, les fils s’emmêlent, la machine rugit de mécontentement, les jurons fusent. C’est sûr qu’avec quatre bouts de tissus à piquer (puis à surfiler), ça fait un peu beaucoup pour la vénérable. Ah oui mais les élastiques ? Impossible d’en trouver et cela ne fait pas partie des produits de première nécessité qu’on trouve au supermarché. Improvisons donc avec des chutes qu’on fixera dessus (je suis un génie…) On bâtit, on ourle, on ébarbe les fils. On fait des plis et des replis. Mais une fois de plus, ça ne va pas. Les attaches sont trop serrées, le rectangle rebique de tous les côtés. Bref, le tuto « Votre masque en 10 minutes » c’est absolument n’importe quoi ! Au bout de deux heures, vous avez enfin un masque. Un seul ! Vous êtes à bout de nerfs, la pièce est en chantier. Mais, vous l’avez fait ! Quelle fierté indescriptible d’avoir contribué à la cause ! Enfin je n’aurai plus l’air ridicule en allant faire mes courses le visage nu (aussi indécent que de sortir la tête nue dans l’ancien temps). Et vous l’essayez… et là, parce que vous portez des lunettes, votre première respiration dégage sur les verres une buée d’enfer. Voilà. Tout ça pour ça. Manifestement, avec le masque c’est voir ou respirer. Mais pas les deux ensemble. Et puis flûte, vivement la semaine afin qu’en télétravail, on trime comme des fous. C’est toujours ça de pris sur du temps libre où on serait tenté de faire n’importe quoi… (mais où est encore passé le mètre ruban ?).

Florence Berthelot

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