Interview de Glaura Kartalian, Présidente de Primagaz

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Interview Glaura Kartalian, Présidente de Primagaz

Vous faites partie des acteurs de l’énergie à avoir porté un recours auprès du Conseil d’Etat contre la classification du B100 en Crit’Air 1. Pourquoi ?

Il ne s’agit pas d’une action contre le B100 mais contre le changement brutal des règles en matière de santé publique. Nous estimons que le B100 a toute sa place dans l’offre énergétique. En revanche, il nous paraît infondé de changer la réglementation Crit’Air pour promouvoir une énergie. En effet, le classement Crit’Air s’effectue en fonction de la motorisation des véhicules et sur la base des émissions polluantes locales. Or le B100 alimente un moteur diesel. Par ailleurs, même s’il est fabriqué à partir de colza et apporte des avantages en matière de baisse des émissions de CO2, il n’apporte aucun gain en matière de pollution locale par rapport au diesel. Il ne justifie donc pas de son classement impromptu. Au-delà de ces aspects techniques et juridiques, il est essentiel d’assurer de la visibilité et de la stabilité réglementaire aux entreprises pour garantir la pérennité des investissements. Cela est vrai pour les transporteurs comme pour les industriels comme nous. Le GNV, tout comme la mobilité électrique ou hydrogène, nécessite un temps long de développement à la fois pour les producteurs, fournisseurs et clients transporteurs. Changer les règles du jeu de manière inopinée, c’est bouleverser toute une filière de l’amont à l’aval dans un contexte géopolitique et économique déjà agité.

A ce sujet quel est votre regard sur la crise énergétique actuelle ?

La crise Ukrainienne n’a fait qu’amplifier une tendance à la hausse des matières premières dont les cours avaient déjà commencé à augmenter fin 2021. Si le gaz naturel a été plus particulièrement touché ces derniers mois, nous voyons bien qu’aucune énergie n’est, ou ne sera, à l’abri d’une variation erratique et soudaine de ses prix. Il est donc essentiel d’avoir une réflexion globale et sur le long terme de la politique énergétique. Cela nous a fait défaut ces dernières années. La transition énergétique doit être régulière, progressive, adaptée au besoin de chaque transporteur. A défaut elle laissera de nombreux acteurs au bord de la route. S’agissant du GNV, il représente aujourd’hui une énergie mature, servie par un bon réseau d’infrastructures et par une offre de camions particulièrement large. De plus, par rapport au diesel, le GNV offre un gain environnemental conséquent tant sur le plan du CO2 que des émissions polluantes. Demain le BioGNV fera partie d’une offre énergétique très bas carbone, fabriquée en boucle courte et complémentaire des offres électriques et hydrogène.

Quelle est votre vision du transport routier de demain et quelle est la place de Primagaz ?

La trajectoire de décarbonation et d’optimisation des flottes va se prolonger et s’accentuer. Primagaz continuera à être présent sur la décarbonation avec une proposition de bioGNV renforcée. En particulier le bioGNL, va pouvoir prendre sa place. Côté optimisation, Primagaz va maintenir l’accompagnement de ses clients en matière de formation, d’information, et de communication. L’extension du réseau de stations Primagaz va se poursuivre en partenariat avec AVIA avec une exigence absolue en matière de disponibilité du GNV et de continuité du service 7/7 et 24/24. Près de 800 chauffeurs utilisent d’ores et déjà notre application Gasfly pour être informés en temps réel de la disponibilité de nos stations ainsi que les niveaux de fréquentation heure/ heure. L’interopérabilité et la monétique ouverte restent également au cœur de nos préoccupations pour offrir aux transporteurs le plus de flexibilité possible sur ses points de chargement. En appui de ces actions, le partenariat entre Primagaz et la FNTR continuera à être une occasion unique de travailler sur les enjeux et les solutions en faveur d’une mobilité toujours plus durable.

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