Apprendre à compter

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Apprendre à compter

Débat à la Commission des Finances de l’Assemblée Nationale le 29 juin. En discussion, l’amendement reportant de deux ans l’augmentation de deux centimes de la fiscalité professionnelle du gazole utilisé par les transporteurs. L’enjeu c’est 200 millions d’euros, ce qui est peu par rapport aux milliards déversés dans d’autres secteurs (le dernier en date, le fret ferroviaire avec 15 milliards d’euros pour le énième plan de relance en trente ans). Les députés font valoir que les transporteurs ont été déterminants durant le confinement et ont continué à travailler dans des conditions économiques et d’accueil épouvantables. Et ils soulignent que la concurrence européenne est féroce. Cet amendement est d’autant plus justifié que, par ailleurs, le Gouvernement a décidé de reporter d’un an l’augmentation de la fiscalité du gazole non routier (GNR). Notamment pour soutenir le secteur du BTP qui s’était mis à l’arrêt du fait de la crise sanitaire. Montant total de la mesure : plus d’un milliard d’euros. Le Gouvernement a, en revanche, rejeté l’amendement sur les deux centimes d’augmentation de la fiscalité du gazole routier. Premier motif : le prix du baril est bas.

Apparemment, le Gouvernement ignore qu’il y a une loi qui oblige les transporteurs à répercuter aux clients la hausse ou la baisse du prix du carburant. Relisez donc le Code des Transports ! Autre réponse : oui, c’est vrai il y a un problème de compétitivité internationale. « La question peut se poser. » Non elle ne « peut » pas se poser, elle se pose tout court. Les concurrents étrangers achètent leur carburant moins cher et moins taxé. Là, silence radio (on comprend que ce n’est pas un bon argument pour le Gouvernement ou que plutôt il ne sait pas quoi faire sinon… augmenter les taxes acquittées par les entreprises nationales..). Enfin, cerise sur le cheesecake : « Il reste 14 centimes d’écart avec le gazole de droit commun (…). La situation est complètement différente pour le GNR. »Pardon ? Alors que le GNR affiche 40 centimes de différence avec le gazole de droit  commun, on fait tout une histoire avec un différentiel de 14 centimes pour le carburant professionnel ? Soit il y en a qui doivent retourner à l’école apprendre à calculer, soit c’est clairement délibéré. Sans avoir l’esprit chagrin, on penche pour la deuxième hypothèse. On n’aidera pas le Transport routier de marchandises. C’est comme ça.  Mais on est bien content de le trouver quand il y a un problème. Finalement en cas de crise, mieux vaut s’arrêter complètement. On en est bien mieux récompensé. Comment savoir si le message parviendra aux intéressés ? S’ils n’ont pas appris à compter, ils n’ont peut-être pas appris à lire non plus…

Florence Berthelot

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