Le mensonge de départ

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Le mensonge de départ

Si vous êtes Français, représentant la profession du transport routier, dans une réunion internationale, vous découvrirez que le seul mot que connaissent vos homologues étrangers est « Macron ». Ce n’est pas la personne, ses initiatives politiques, ou même l’encre qu’il fait couler en ce moment qui sont en cause. C’est la loi qui porte son nom et qui contient les dispositions relatives au détachement de salariés dans le transport routier. Si vous expliquez que M. Macron en France passe pour quelqu’un de plutôt libéral, vous suscitez interrogations voire ricanements. En effet, cette loi Macron est considérée par les transporteurs européens, et particulièrement de l’Est, comme protectionniste. Il vous faut passer beaucoup de temps pour expliquer que cette loi n’est que la transposition d’une Directive européenne de 2014. Elle se décline aussi en Allemagne, en Autriche, en Italie.  La lourdeur administrative qu’elle génère (attestation de détachement, nécessité d’avoir un représentant en France etc…) est vécue comme l’instauration d’une nouvelle frontière. On vous parle de « moratoire des contrôles » et suspension d’application de la loi. Et vous répondez que tout cela est vain car la loi s’applique, s’appliquera et c’est à l’Europe de revoir sa copie sur l’application du détachement au transport routier. Cependant, au fur et à mesure des discussions, l’expression d’une incompréhension fait mouche. « Quand nous avons intégré l’Europe en 2004, on nous a dit que le marché européen nous serait ouvert sans restriction. Et voilà que ces lois nationales recréent des frontières »...

Voilà bien le problème. Quand on a ouvert le marché, on a tout simplement oublié que le caractère mobile propre au transport, allait mettre en concurrence frontale des opérateurs qui ne travaillaient pas aux mêmes coûts. Malgré les alertes répétées des opérateurs de l’Ouest et notamment des Français, la décision politique a été prise de manière inconséquente. Les lois Macron et autres tentent de rattraper la mise, avec beaucoup de retard. Mais on comprend mieux que cette promesse initiale d’un marché ouvert est considérée désormais comme un mensonge par ceux qui voyaient l’Eldorado. Et c’est bien connu, une Union qui commence par un mensonge ne finit jamais bien.

Florence Berthelot

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